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Routes Enlacées
24 janvier 2008

Le driveur

(Extrait) Sur Maharana, pour son malheur, Arthis était né driveur. Non que ses aptitudes à la conduite se soient révélées supérieures à celles des autres enfants – sur Maharana, tout le monde tenait un volant dès qu’il était en âge de marcher – mais les rêves d’Arthis le conduisaient bien au-delà de ceux de ses pairs car c’est d’abord leurs rêves qui font les driveurs.

Arthis ne connaissait comme relief que le cordon de dunes ocres séparant les deux étendues également désertiques de l’océan bleu d’un côté, et des steppes intérieures de l’autre. Mais au-delà son regard se perdait souvent et chaque nuit ou presque, il rêvait de lieux inconnus, d’endroits où le sol était presque vertical, et les terres si hautes qu’elles se perdaient dans les nuages, si dures, que rien n’y poussait. Ces nuits-là, durant son sommeil, quelque chose lui envoyait de ce lieu inconnu un appel insistant que le réveil ne chassait pas. (…)

Le_driveur_3

     Tiens ? Rien de directement autobiographique dans « Le driveur » que j’associe pourtant à des souvenirs précis et un peu cuisants. J’avais envoyé cette nouvelle à je ne sais plus quel éditeur ou pour je ne sais plus quel concours. En lieu et place de la traditionnelle lettre de refus, généralement courtoise, j’ai reçu un coup de fil d’un type que mon texte avait passablement énervé, m’expliquant sur un ton péremptoire et agressif que mon histoire d’électricité ne tenait pas et m’invitant à lire « Dune » pour exemple d’une construction littéraire écologiquement cohérente. J’en suis resté sans voix, plongé jusqu’à la noyade dans le doute, puis dans un réflexe de survie, j’ai fait lire ce texte à mon ami Philipe Booz, agrégé de physique et poète. « Il est très bien ton texte. Du point de vue de la physique, peut-être tes personnages gagneraient-il à boire je ne sais quoi qui les prémunisse contre les effets à terme d’une exposition permanence à un champ électrique, et encore…» Je n’ai pas suivi son conseil, ma fainéantise naturelle me poussant à m’arrêter à la première partie de sa phrase.

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